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mercredi 24 août 2011

Convention d'occupation du domaine public au profit de la S.A.S.P. Aviron Bayonnais Rugby Pro - saison 2011-2012)

Intervention de Jean-Claude SOUDRE au conseil municipal du 22 aout 2011


Monsieur le Maire, mes chers collègues,

Les amateurs de sport et de politique se souviennent sûrement que le dernier travail dirigé par Philippe Séguin, Président de la Cour des Comptes, peu de temps avant son décès, concernait les relations entre les collectivités territoriales et les clubs sportifs professionnels.
Les conventions de mise à disposition des équipements sportifs y étaient particulièrement étudiées à la loupe car nombre d’entre elles se trouvaient être irrégulières.

Toutes ces conclusions datant de décembre 2009 ainsi que le rapport de la chambre régionale des comptes concernant la SASP Aviron Bayonnais Rugby Pro en date de décembre 2008 fixent bien le cadre général dans lequel la Ville de Bayonne et son club fanion historique sont censés régler leurs relations partenariales.

Les choses s’étaient plutôt bien engagées en octobre 2008 où nous pouvions observer un quasi-doublement de la redevance par rapport à l’année précédente la portant à 208 000 € avec un discours très volontariste de votre part disant vouloir être au plus près de « l’estimation réelle des coûts ».
Depuis patatras, nous avons connu les épisodes de l’exonération de la saison 2008-2009 et de la non-prise en compte de l’ajout de la tribune nord.
Je passe sur les divers avatars de ce dossier qui nous a toujours réservé quelques surprises.
Nous savons tous qu’un des charmes du rugby réside dans le fait que compte-tenu de sa forme ovale, on ne sait jamais où va rebondir le ballon. De ce côté-là, avec vous, nous avons été servis. Ce qui a instauré sur cette question une défiance tenace entre nous.

Il semble pourtant que nous rentrions de nouveau dans une phase de stabilisation. Pour la saison à venir comme pour celle qui vient de s’écouler, nous sommes face à une redevance égale à 186 000 €.

Se pose toutefois toujours la question. Quels sont les critères ? Quelles sont les bases de calcul ? J’ai bien peur que les années passant, nous n’arrivions pas au bout de cette équation.
Ce ne sont pas les 5 500 € H.T. par jour facturés pour le tournoi de football professionnel KOPA BAIONA des 20 et 23 juillet qui vont nous aider à y voir plus clair dans cette problématique.

N’oublions pas que notre souci permanent est de valoriser notre patrimoine municipal et en retirer les ressources minimales nécessaires à son entretien.
Tout ceci doit passer par la clarification des relations entre la ville et le club et la mise en cohérence de l’ensemble des aides.

Il est bien évident que tout ce qui touche au rugby professionnel notamment à Bayonne ne peut se résumer qu’à des questions d’argent même si comme beaucoup de bayonnais nous n’avons pas oubliée votre phrase : « c’est celui qui paye qui commande ». 


Dans l’immédiat, tournons-nous vers l’avenir.
Il est vrai que le club a traversé à la fin de l’hiver une crise sans précédent. Comme l’avait rappelé Jérôme Aguerre lors du conseil municipal du mois de mai, notre groupe s’est refusé à mettre de l’huile sur le feu notamment pendant la campagne électorale des cantonales, voulant préserver en cela la pérennité du club.

Fidèle à notre attachement au club et à ses valeurs, nous rappellerons toujours les points qui nous semblaient manquer dans les configurations de ces dernières années.
Nous voulons :
·                    établir une politique sportive au service d’un projet de ville,
·                    accroitre le rôle social du club avec plus d’interventions dans les écoles,
·                    approfondir le maillage entre la structure professionnelle et l’omnisports,
·                    ouvrir le capital de la SASP à de l’actionnariat populaire (démarche de socios)

Certaines de nos recommandations notamment en matière de socios sont en passe de se réaliser.
Nous tenons à saluer en cela la nouvelle équipe dirigeante en charge depuis le mois d’avril. Peut être que l’étroitesse du score de leur élection les oblige à faire preuve d’un réel esprit d’ouverture ?

Nous serons également très attentifs concernant les valeurs du club et son image.
Un club sportif est toujours constitué d'une association support, qui détient la marque du club, son logo, ses couleurs.
Dans le cas présent, concernant les relations entre le Rugby Pro et l'Omnisports, nous tenons à rappeler que c’est bien le club omnisports qui constitue l’association garante de l’image établissant le support nominal historique, social et moral de l'ABRP.
Là aussi, la Ville se doit d’être vigilante et exigeante dans ses rapports avec la SASP.

Pour finir, Monsieur le Maire, vous avez déclaré lors du même conseil municipal de mai que vous avez pris des coups et que nous sommes en période de cicatrisation.
Les deux sont vrais.

Pour les coups, vous n’avez à vous en prendre qu’à vous-même.

Concernant la cicatrisation, notre groupe votera favorablement sur le projet de redevance 2011-2012.

Nous aussi souhaitons bon vent à l’Aviron bayonnais.

vendredi 19 août 2011

La révolte des abeilles contre les frelons


Cet article paru dans Le Monde du 18 aout est remarquable. 
A quand un programme politique qui s’attaquera réellement à ce fléau.

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Dans le monde des insectes, les abeilles travaillent et produisent du miel, tandis que les frelons, grands prédateurs, leur sucent le miel et les détruisent.
En économie, depuis la nuit des temps, les hommes n’ont trouvé que deux façons d’acquérir des ressources : prendre, comme le fait le frelon, ou créer, comme le fait l’abeille. En économie, les abeilles sont celles qui produisent de la richesse et de la valeur ajoutée : agriculteurs, monde de l’industrie et des services à la production, finance dédiée à l’investissement productif. Les frelons, en revanche, sont des prédateurs. Les plus connus, ce sont les rentiers qui exploitent et spéculent sur les richesses naturelles ou qui bénéficient de monopoles par les importations, la construction, etc.
Dans les pays arabes et africains, ces prédateurs sont encore très nombreux. Mais s’ajoutent, en Occident, des prédateurs nouveaux, très virulents, qui opèrent soit dans la manipulation de l’information, soit à travers la dérégulation financière.
Au Sud, comme au Nord, les frelons prédateurs tirent leurs revenus exorbitants non pas de la production-création-innovation, mais de leur proximité avec les pouvoirs politiques, par la corruption, en prenant directement dans les caisses de l’Etat, comme de nombreux dictateurs arabes et africains.


Ainsi, la crise actuelle du groupe Murdoch en dit long sur la capture de l’Etat opérée par des groupes privés et sur le rôle décisif de l’information pour détourner les populations des enjeux réels. De même, par avidité et court-termisme, l’économie financière qui a infléchi à son avantage les règles du jeu plonge le monde occidental dans la crise, la ruine et le déclin. Dans les pays émergents prévalent les abeilles. Ce sont elles les grandes gagnantes de la mondialisation, de par leur appétit pour l’industrie, tandis que l’Occident, depuis trente ans, n’a fait qu’accumuler de la richesse virtuelle, qui peut partir en fumée en une nuit de panique boursière.
Deux exemples : pour 1 % de « banques abeilles » qui financent encore l’activité de production de richesses existent 99 % de « banques frelons » qui capturent les politiques pour déréguler la finance et nous vendre des produits dérivés inutiles – des milliards de produits toxiques – et de la spéculation instantanée. Autre exemple, « l’esprit frelon » envahit même nos grandes écoles, puisque plus de la moitié des élèves de Polytechnique se destinent aux métiers de la finance.
Partout dans le monde, les abeilles travailleuses se révoltent contre les frelons prédateurs qui les exploitent. Un lien très fort de parenté unit les « printemps arabes », les « indignés » de Madrid, les révoltés d’Athènes, les insurgés de Tel-Aviv, et même les casseurs de Londres. Tous veulent vivre de leur travail et retrouver leur dignité. Partout dans le monde, les abeilles, agriculteurs, artisans, taxis, jeunes diplômés, artistes, chefs d’entreprise, ouvriers, clercs, etc. osent affronter dans la rue le monde des frelons prédateurs : les dictateurs, le monde de la finance, les rentiers en tout genre, les privilégiés, les oisifs, tous ceux qui vivent assis devant leur « péage » (« gate keeper business ») à attendre que les ressources des abonnés à tous les services possibles leur envoient le prix de leur abonnement où de l’accès au service.
En finir avec les dictateurs des pays arabes, en finir avec les politiciens grecs corrompus, en finir avec les spéculateurs immobiliers espagnols, en finir avec le gouvernement israélien, qui privilégie inutilement la guerre, en finir avec les prédateurs qui se réfugient à Wall Street et dans la City ; partout, et dans tous les pays, c’est la même lutte : contre la dictature politique, au Sud, et contre la dictature financière, au Nord.
Ce que la crise en Occident met à nu, c’est un système dévié, bâti sur le virtuel, loin des grandes innovations. Emerge un désir de nouveau modèle économique et social, avec plus de production de biens, d’ingénieurs, d’industrie, d’agriculture et de vision à long terme, plus de travail pour les jeunes et les moins jeunes. Il est encore temps pour la France et l’Europe de redresser le cap.
Il serait injuste de demander aux abeilles de travailler plus pour réparer des dégâts occasionnés par les frelons du système financier qui ont réussi à imposer le maintien du système (produits dérégulés, agences financières impériales, dettes souveraines à leur merci…) aux politiques, qui plient devant ces nouveaux monstres qu’il faut sans cesse « rassurer ». Mais qui s’occupe de rassurer les chômeurs, les ouvriers, les industriels ? Une solution : traquer tous les faux métiers que les frelons ont investis, toutes les niches proches des pouvoirs politiques où ils prospèrent, et taxer tous ces acteurs improductifs. Mais aussi regrouper toutes les abeilles et rejoindre leur révolte contre les frelons.

Jean-Louis Guigou,économiste