Intervention de Jean-Claude SOUDRE au conseil municipal du 31 mars 2011
Monsieur le Maire, mes chers collègues,
« En ce début de XXIéme siècle, beaucoup de nos villes sont malades. Mais elles ne sont pas malades simplement de leurs banlieues, elles ne sont pas seulement victimes de l’étalement urbain, elles sont également usées dans leurs cœurs. »
Je ne peux qu’être d’accord avec l’auteur de ces phrases, personnalité politique avec qui je n’ai pourtant que peu de proximité, puisqu’il s’agit de Madame Christine Boutin, l’ancien Ministre du Logement et de la Ville passée par Bayonne, on s’en souvient, en août 2008.
La délibération que vous présentez ce soir peut être pour beaucoup complètement aride surtout si on a du mal à s’y retrouver au milieu d’une forêt d’acronymes comme PNRQAD, PLH, PIG, OPAH-RU, DUP, URBACT-Links, PSMV, EPFL, etc.
Si on veut y porter un regard plus sociologique voire plus politique, nous voyons en filigrane les questions concernant l’habitat indigne, la précarité énergétique ou la mixité sociale.
Comprenez que pour quelqu’un qui, il y a encore quelques jours, était dans les cages d’escaliers au devant de ses concitoyens pour être à leur écoute ces mots résonnent encore comme un véritable défi que nous sommes tenus de relever.
Revenons à la présente délibération.
Relevons tout d’abord que le constat fait dans le présent rapport parait complet et même exhaustif. Il est tellement réaliste, je serai même tenté de dire parfois cruel, que nous ne pouvons que nous satisfaire du constat qui nous oblige à promouvoir une nouvelle approche de la ville.
Monsieur le Maire, vous vous plaisez à rappeler que la candidature de Bayonne, ainsi que 25 autres villes en France, a été retenue au PNRQAD et ce, sur un périmètre restreint.
Les critères retenus par la loi MoLLE (ou loi Boutin sur le logement) concernent :
· soit, une concentration élevée d’habitation indigne et une situation économique et sociales des habitants particulièrement difficiles,
· soit, une part élevé d’habitat dégradé vacant et un déséquilibre important entre l’offre et la demande de logements.
Bien évidemment, à l’instar de notre positionnement sur les dossiers ANRU, les élus de gauche de Bayonne Ensemble approuvent les termes de la présente délibération.
Avant de laisser la parole à d’autres, je voudrai toutefois aborder quelques points fondamentaux.
Concernant l’habitat indigne, on est en droit de se poser les questions suivantes :
· A quelles réalités et conditions de vie renvoient les différentes situations d’habitat indigne ?
· Qui sont ces ménages et quelles sont les logiques qui les conduisent dans ces logements ?
· Quels sont les mécanismes qui font que cette situation perdure ?
Concernant la précarité énergétique, en matière de logement et de charges, le dérapage des dépenses énergétiques conduit à un budget tendu à l’extrême pour les familles et les occupants.
Toute personne dans l’incapacité chronique de garder une température convenable dans son logement souffre de précarité énergétique. Dans notre département 40 000 personnes sont dans cette situation et ce sont également 3500 coupures par an gaz et électricité.
Vous nous présentez un dispositif d’aide de l’ordre de 2600 euros pour tout propriétaire occupant dans le centre ancien. Peut-on également envisager un dispositif interdisant formellement les coupures en trêve hivernale et faisant des coupures une exception hors de la trêve hivernale.
Avant de conclure, je voudrai revenir sur le fond du problème. Vous évoquez 25 années d’action publique à l’intérieur du secteur sauvegardé en relevant quelques points positifs.
Toutefois, on a plutôt l’impression que tout cela nous fait penser au « tonneau des Danaïdes », c'est-à-dire un éternel recommencement.
Vous nous indiquez que les bailleurs sociaux ont déserté le centre historique.
Je crois que nous touchons, là, le paradoxe bayonnais où les opérateurs traditionnels de logements sociaux HLM n’ont pas su trouver l’agilité nécessaire pour ce quartier alors que nombre d’investisseurs privés comptabilisaient sur les subventions diverses et les déductions fiscales liées à la loi Malraux.
Dans le même ordre d’idées, même s’il n’y a pas de lien direct avec le sujet de l’OPAH-RU, nous avons été extrêmement choqués d’apprendre en catimini que la Ville de Bayonne allait se défaire de l’ancien palais de justice en plein cœur du cœur de notre centre historique.
Là aussi, le retrait de la puissance publique est alarmant et désolant. Il y aurait tant à faire dans ce bâtiment en direction des habitants du quartier, des bayonnais, des gens habitant le bassin de vie et des visiteurs du centre historique. Si on laisse l'imagination au seul marché, on sait ce que cela donne !
Pour conclure, espérons que les démarches actuelles du PNRQAD et de l’OPAH-RU voire du nébuleux programme URBACT-Links permettront de faire prendre conscience au plus grand nombre que certains de nos concitoyens sont dans des difficultés sociales énormes en plein cœur historique de notre bonne ville de Bayonne.
Derrière les façades plus ou moins ravalées, il y a des hommes et des femmes qui vivent.
Monsieur le premier adjoint, vous m’avez interpellé le 26 février dernier dans une réunion publique dans le cadre des cantonales en me signifiant que pour vous les questions territoriales passaient avant les questions sociales.
Au vu de cette délibération, je persiste et je signe : l’humain et le social, d’abord !
Merci de votre attention.
D'accord avec vous pour les acronymes , on comprend rien !!!!
RépondreSupprimerPour les vidéos, le problème persiste..
C'est pas grave...l'intervention a le mérite d'être claire !!