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jeudi 19 mai 2011

Hommage à Claude Guignabert

Pour parler de Claude, le premier mot qui me vient c’est celui de l’élégance. L’élégance, ce n’est pas forcément ce que l’on côtoie le plus dans le monde politique, associatif ou syndical où les militants rencontrés se rappellent plutôt à notre souvenir par leur parole ou par leurs actes. Les uns sont des tribuns, d’autres préfèrent l’action. En clair, les mots parler et faire. Claude lui incarnait le verbe être.


Quand je dis que Claude était élégant, je ne parle pas seulement de son aspect extérieur. Je n’oublierai jamais pourtant comment il était magnifique ce 24 mars 2010 où en compagnie des militants de Bizi! il trinquait, verre de champagne à la main, pour fêter l’enterrement du Grenelle de l’Environnement. Bien sûr, la vision d’un ami malade dansant sur les notes tragiques du Requiem de Mozart était pour moi difficile et malheureusement prémonitoire.

Je ne sais plus exactement depuis quand je connaissais Claude. C’était forcément à Attac, cette organisation née en 1998 qui nous a tous appris l’altermondialisme résumé dans cette seule phrase : « Un autre monde est possible ».

En fait, je connaissais Claude depuis plus longtemps car nous nous croisions comme beaucoup de parents dans les salles d’attente du Conservatoire de Bayonne.

Plus tard, nous nous sommes retrouvés dans le champ politique notamment pendant la campagne présidentielle 2007 où nous avons bataillé ensemble pour le candidat José Bové et ses 500 signatures obtenues grâce à l’appui de la douzaine d’élus basques. Je me souviens aussi de son implication dans l’occupation de Lur Berri qui voulait à l’époque semer des OGM. Claude parlait des semailles, ce qui me ravissait.

Je savais peu de choses du passé politique de Claude. Là aussi son élégance lui faisait nous dire qu’il avait été militant du PS et qu’il l’avait quitté en 1983. La précision de cette date fatidique indiquait bien que Claude ne pouvait supporter que l’on jette du jour au lendemain le fameux slogan « changer la vie » aux oubliettes.

La politique, nous en parlions souvent dans nos rencontres les jours de marché aux Halles de Bayonne.
Bien sûr, un jour où je le trouvai plus soucieux que d’habitude il m’expliquait que le cancer l’avait retrouvé sur sa route. Là aussi, tout cela, était dit de façon élégante.

Les deux derniers souvenirs politiques que nous ayons partagés dataient du printemps 2009 pendant la campagne des européennes. L’un dans un meeting de Bové à Bayonne, l’autre avec Mélenchon à Pau.
Dans les deux cas, nous étions plutôt en phase. Plutôt critique avec Bové qui avait pour nous tourné le dos au magnifique combat du TCE en 2005. Contents comme deux gosses en chantant l’Internationale à l’issue du meeting de Mélenchon, tribun à l’ancienne qui a tenu plus de 20 mn sans sono et sans lumière.

Vite après, j’ai pu aux côtés de Claude, Txetx et nombre d’autres assister au lancement de la fusée Bizi!, ce formidable acteur du mouvement social présent à Copenhague, dans les rues de Bayonne contre la LGV ou sur les voies Chronobus.
Claude s’y est investi à fond malgré sa maladie qui était déjà très présente. Vous qui êtes là ce soir connaissez tout cela par cœur.

Nous voici maintenant quelques jours après ce vendredi matin à Biarritz où dorénavant je ne pourrai plus jamais entendre chanter « la Javanaise » de Gainsbourg sans penser à mon camarade Claude.

Notre ami est parti, le guetteur a quitté son poste, la cigale ne stridulera plus, Claude, tu nous manques !

2 commentaires:

  1. Sincères condoléances au mouvement BIZI et à ses amis ...

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  2. Bonsoir , joli texte en hommage à papa , merci
    Il nous manque comme au premier jour
    Sa fille .

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