Ci-dessous une tribune libre
Populations rurales oubliées
Les élections cantonales peuvent être l'occasion de susciter des débats de fond. Le risque existe qu'ils soient instrumentalisés à des fins partisanes. La question des relations entre le monde urbain et les espaces ruraux est d'une telle importance qu'elle doit éviter de tomber dans ces travers ou autres tentatives de récupération.
Inciter les gens à délaisser la voiture et favoriser le développement des transports collectifs constitue une urgence au regard des enjeux écologiques actuels. Pour autant, ces préoccupations d'intérêt général ne doivent pas être appréhendées au seul prisme de considérations strictement urbaines en faisant des populations rurales les grandes oubliées de la réflexion.
Pour celles-ci, l'accès à la métropole régionale équivaut de plus en plus à un parcours du combattant : congestion des artères routières, extension des stationnements payants, insuffisance de parkings gratuits dédiés à l'intermodalité permettant le raccordement aux transports collectifs. À cela s'ajoute la forte incitation à se rabattre de fait sur les parkings souterrains affermés à des intérêts privés.
Nous sommes en droit de nous demander s'il ne s'agit pas en définitive d'un formidable égoïsme de nantis se barricadant pour procéder au contrôle d'un espace urbain dont la vocation première est pourtant celle d'une mise en commun. Car une grande métropole possède des devoirs en termes d'accueil des populations rurales, au regard des services publics de portée régionale et d'intérêt général dont elle a été dotée au cours de l'histoire par des investissements publics. Il n'est pas excessif d'affirmer alors qu'une capitale métropolitaine ne s'appartient pas totalement elle-même, mais au contraire se doit à l'ensemble de son aire d'attraction. Les urbains n'hésitent pas à s'approprier l'espace rural et à le remodeler en fonction de leurs désirs et de leurs intérêts, les premiers pouvant d'ailleurs apparaître comme contradictoires avec les seconds. C'est ainsi que l'on note une volonté de transformer la ruralité en musée de la nature tandis que les modes de déplacement sont de plus en plus déterminés par des grands projets d'infrastructures, justifiés par un rôle supposé structurant, alors qu'ils sont vécus comme déstructurants par les populations locales.
Là aussi affleure la satisfaction d'appétits privés avec la garantie de marchés réservés aux entreprises de bâtiment et travaux publics. Là aussi, le partage des retombées positives est inégal : pour les uns, le renforcement de la dynamique de métropolisation ; pour les autres, la réalité de « l'effet tunnel » n'apportant que bien peu de bénéfices. Les gains de temps souvent mis en avant sont au final minimes et particulièrement ciblés : ils concernent prioritairement les rendez-vous d'affaires et les réunions de leaders d'opinion. Est-ce en cela que réside le capitalisme vert ? Se donner bonne conscience par des discours environnementalistes, à l'occasion radicaux, tout en favorisant de puissants intérêts financiers, le tout agrémenté d'un zeste de mépris dès lors que ces irréductibles Indiens se mobilisent pour refuser ces projets ?
Une logique identique de séparation est à l'œuvre avec la réforme des collectivités territoriales. Elle porte en elle les germes de l'assujettissement d'une Gironde rurale réduite à la portion congrue, à une aire métropolitaine bordelaise à la fois conquérante et boulimique. C'est donc à une réflexion globale que nous sommes conviés pour déterminer de nouveaux rapports entre urbain et rural, fondés sur la compréhension et la complémentarité, tout en respectant l'identité de chacun. Les enjeux sont en effet multiples : économiques en termes de développement, sociaux en termes de solidarité, démocratiques en termes de prise de décision politique, écologiques en termes de préservation de l'écosystème. Ces relations inégales et déséquilibrées demandent assurément des inflexions significatives qui ne peuvent se réduire, comme trop souvent, à un véritable déménagement des territoires ruraux…
Francis DASPE
Secrétaire du Comité Sud- Gironde du Parti de Gauche
Le Pays Basque ne sera jamais un musée et les ruraux ne laisseront pas une LGV massacrer leur outil de travail..
RépondreSupprimerJe parle bien sûr des nouvelles voies qui seraient construites..
On le sait bien : La seule hypothèse de tracé acceptable est l'aménagement des voies actuelles.