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jeudi 23 décembre 2010

Electricité : les vrais gagnants de la pointe

Une nouvelle fois, la France vient de battre un record de consommation d’électricité le 15 décembre dernier.

 96,4 milliards de watts ce 15 décembre à 19 h !

Comme chaque année le record de puissance électrique est battu. Et cette fois-ci avant même l’arrivée officielle de l’hiver.
Un « record » dont on se passerait volontiers car à chaque fois que la bise fut venue, la fée Electricité se retrouve fort dépourvue. A tel point qu’elle est obligée d’importer au prix fort du courant et de construire de nouvelles centrales au gaz afin de subvenir aux usages de pointe : à la production, en amont de nos appareils de chauffage électrique, il y a de plus en plus de gaz russe ou de lignite allemande. 


Les perdants de ce « record » sont innombrables : la planète par accroissement des émissions de gaz à effet de serre, la collectivité qui finance le surdimensionnement des infrastructures, les consommateurs qui paient au prix fort cette électricité de pointe, les contribuables qui couvrent le coût social de la précarité énergétique qui en découle.
Et même les producteurs, à commencer par le premier d’entre eux avec un parc nucléaire dont la productivité est faible, conséquence de cette curieuse exception française sur un parc très majoritairement nucléaire (adapté à la base) et un très fort taux d’équipement en chauffage électrique (utilisé en pointe).

Alors, qui sont les vrais gagnants de la pointe ? Les traders qui jouent et spéculent sur l’électricité, les promoteurs de logements tout électrique (les occupants paieront la note plus tard) et les pays producteurs qui nous vendent du gaz. Des producteurs stupéfaits mais ravis de nous le vendre pour produire avec un médiocre rendement (40 % au mieux). de l’électricité pour chauffer nos logements. Alors qu’en utilisant directement ce même gaz pour se chauffer on diviserait par 2,5 les importations et les émissions correspondantes de CO2 !

Chaque nouveau « record » de la pointe électrique est donc une très mauvaise nouvelle pour la France, conséquence structurelle du développement sans frein du chauffage électrique : 75 % des constructions neuves en sont équipées. Une mauvaise nouvelle qui nous éloigne un peu plus du trio gagnant de la démarche négaWatt « sobriété, efficacité, renouvelables ». Et qui nous rappelle qu’en matière de la pointe électrique, la France mérite … un zéro pointé !

Tribune parue dans Terraeco signée
Isabelle AUTISSIER, présidente du WWF-France
Serge ORRU, directeur du WWF-France
 Sandrine MATHY, présidente du Réseau Action Climat (RAC-France)
 Thierry SALOMON, président de l’association négaWatt

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